" ... Seule, la plante ne dépend que des éléments eux-mêmes, car seule elle est capable de les assimiler en les transformant. Si elle aspire dans le sol, l'eau et les sels dissous qu'elle contient, elle se nourrit aussi directement de l'énergie solaire, grâce à l'assimilation chlorophyllienne, laquelle dégage de l'oxygène, celui que nous respirons. Des plantes, les algues, avant même de quitter la mer natale, avaient entouré la planète de la couche d'air respirable, nécessaire à toute autre vie. Lorsqu'elles purent conquérir les terres, tout y changea. Alors, au terme de métamorphoses successives, commencées en milieu marin, s'éleva l'arbre, cime de l’évolution végétale. Organisme géant, prodigieux condensateur d'énergie et transformateur biochimique, l'arbre draine les eaux et, n'en utilisant que fort peu distille le surplus dans l'atmosphère, sous forme de ces vapeurs qui, condensées en nuages, retomberont en pluie bienfaisante. Ses feuilles mortes engendrent l'humus, la future terre cultivable.
De cet ample processus vital, l'arbre cosmique des légendes est le symbole. Comment l'humain des premiers âges n'aurait-il pas eu une vénération reconnaissante, une admiration profonde pour cet être énorme qui survivait, pas seulement à lui, mais à ses descendants. Car l'arbre vit très vieux, plus vieux qu'aucun être. (...)
Pour le sauvage, qui est au sens premier de ce mot, l'homme de la forêt, comme pour la savant, l'arbre est véritablement la première des créatures terrestre; pour celui-là, c'est aussi le vivant le plus proche du ciel qu'il unit à la terre, la voie qu'empruntent naturellement les dieux."
Jacques Brosse - Mythologie des arbres.
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