Un rêve à demi-éveillé, un songe à demi-endormi. Je m’envole
un instant loin de l’hiver impénétrable de Londres pour me
souvenir de ce jour de pluie et de brouillard, où toi et moi avions décidé d’enfourcher nos bicyclettes pour une
dernière promenade sur le port.
Nous
roulions vers l’infini, là-bas, tout au bout du quai. Désert.
Quelques vieux rafiots rouillés se balançaient au gré des
mouvements du fleuve, ils semblaient être là depuis la nuit des temps, pour l’éternité. Ils paraissaient indestructibles, affichant pavillons de contrées
exotiques. Invitation au voyage... A l’arrière plan, comme
dissimulées derrière un voile de brume, des grues en forme de
girafe semblaient monter la garde sur cet étrange décor.
Tout
est calme et silencieux. Presque angoissant. L’air a comme un
parfum de mystère qui flotte autour de nous, nous enlace, nous
envoûte. Juste toi et moi, sur nos bicyclettes. Seuls au monde. Comme au premier jour.
Nous
ignorons la pluie qui a commencé à tomber depuis peu, rien ne
parait pouvoir nous atteindre dans la poursuite de notre quête. Nous
arrivons finalement au bout du quai. Nous descendons de nos
bicyclettes afin de mieux contempler l’immensité qui s’offre à nos regards. Bouleversés, nous nous tenons parfaitement immobiles, pareils
à ces paquebots.
L’eau
du fleuve, si calme, si tranquille, et qui, pourtant, ne cesse de courir se
jeter dans la mer... L’âme vagabonde, nous restons figés
quelques instants, quelques heures... La tête remplie d'étoiles...
Ailleurs... Comme-ci, devant nous s’ouvrait la démesure des
mondes, l’infinitude des possibles. Main dans la main pour l'éternité.
C.C. Patshull Blues, chapitre 4, extrait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire