Merci à toi, l'arbre à soie, de m'offrir une seconde floraison cette année. Comme pour conjurer le mauvais sort des jours sans joie.
Parfois, souvent, de plus en plus, je me demande, j'essaie de comprendre, de trouver quelque chose qui pourrait expliquer comment, pourquoi les hommes se montrent aussi cruels, aussi violents, aussi abjects à l'égard des autres créatures, de la vie, de ce qu'ils sont censés être.
Je sens alors une colère sourde et froide monter le long de ma colonne vertébrale. Elle m'enlace, me pétrifie, me fige. Je lutte avec elle jusqu'à l’accepter comme mienne. Elle est ma compagne des jours gris et des nuits blanches. Elle me tient éveillée quand la lassitude et la fatigue me poussent à l'indifférence. Elle est un guide, un coach, une motivation inébranlable. Quand je me dis que peut-être, surement, forcément j'ai dû être parachutée là par hasard, que je n'appartiens pas, que je refuse toute association, toute fraternité, toute ressemblance avec la race humaine, monstrueuse et barbare...
Et pourtant...
Cette même race de tortionnaires, d'assassins, de pourris, de sans-conscience est aussi celle des poètes, des philosophes, des guérisseurs, de ceux qui écoutent avec le cœur et parlent avec leurs rêves, de tous ceux qui œuvrent, invisibles et silencieux, à l'équilibre des mondes...
C'est possible ça ?
J'hésite, je doute, j'enrage.
Merde, c'est vraiment dur de croire à la lumière quand tout est si sombre autour de soi !
Parfois, souvent, de plus en plus.
Et pourtant...
Je continue à croire qu'un jour, bientôt, on va la gagner cette putain de guerre, on va les anéantir tous ces mange-morts, tous ces crève-de-l'intérieur, tous ces pas-digne-du genre-humain, tous ces maudits qui nous piétinent, nous méprisent, nous écartèlent depuis si longtemps.
Trop longtemps.
La roue tourne, inexorablement.
Parfois, souvent, de plus en plus.
Ma tête tourne, j'ai la nausée.
Dis, toi qui sais tout, qui régis tout, t'es encore là ou tu t'es barré ailleurs... ?